L’exemple du vote électronique en général et du vote par Internet en particulier illustre bien l’écart existant entre la parole officielle et la réalité. Ainsi lors des élections prud’homales de 2008, les parisiens avaient-ils la possibilité de voter par Internet. Il y eut bien quelques alertes, mais les paroles rassurantes du ministre du travail et des prestataires, relayées par les médias, avaient permis d’éviter trop de questionnements sur la fiabilité du processus.
Nous retrouvons d’ailleurs les mêmes propos apaisants au sujet du vote par Internet utilisé lors des élections professionnelles dans l’Éducation Nationale à l’automne dernier (qui a vu un effondrement de la participation), mais également au sujet de l’élection prochaine des 11 députés des français de l’étranger Pour rassurer, sont évoqués des audits censés dissiper toute inquiétude, mais ceux-ci restent désespérément confidentiels au nom du sacro-saint secret industriel et commercial !
Un entrefilet dans un journal en ligne et quelques mots dans le rapport 2009 de la CNIL [1] ont toutefois éveillé la curiosité d’un citoyen, qui sur simple demande, a obtenu de la CNIL la délibération relative à ces élections prud’homales, délibération ayant abouti à la sanction infligée au ministère. Bien que plusieurs paragraphes aient été occultés au titre du secret industriel et commercial qui prime sur la transparence démocratique, il ressort de manière évidente à la lecture de ce document que ces élections sont loin d’avoir été parfaites tant au niveau de la sécurité que du respect des règles. Malheureusement, la décision de ne pas rendre publique cette sanction, par exemple sur le site de la CNIL, empêche la bonne information du public qui restera sur les annonces officielles du "tout s’est bien passé".
Cet exemple illustre bien la nécessité pour les citoyens d’aller chercher par eux-mêmes l’information. Il est indispensable dans cet inexistant débat sur le vote électronique que tous les documents (audits, rapports divers et variés) soient rendus publics.
La confiance ne se décrète pas, elle se gagne, surtout en matière de démocratie. Le vote électronique, par l’abandon exigé de la surveillance directe des citoyens, nécessite une confiance aveugle envers les administrations et les politiciens qui l’imposent mais aussi dans l’informatique. Sans tomber dans la paranoïa, la lecture des journaux montre qu’il n’est pas possible d’avoir cette confiance absolue : que ce soit pour l’informatique (bugs, hackers, piratages, Anonymous etc) ou pour la classe politique (conflits d’intérêts, lobbying, affaires etc). La surveillance citoyenne reste le meilleur garant d’une démocratie vivante et apaisée.